L'autre regard dans l'oeuvre de Flaubert: Vision du livre revele

Dans cette thèse, il s'agit de montrer que la narration dans les œuvres de Flaubert est la source d'un appétit de nature pulsionnelle, repérable dans le fonctionnement de ses dispositifs textuels qui se donnent à lire comme regard.;En bref, cette lecture psychanalytique propose de rouvrir Bouvard et Pécuchet, Salammbô et La Tentation de saint Antoine, dans la perspective de faire ressortir la composante archaïque de cette aspiration fusionnelle que soudent le regard de la narration flaubertienne. Un regard du fantasme, sans doute sujet du désir, parce qu'insatiable dans sa demande, et dont la lecture nécessite de s'en tenir à l'inscription textuelle, puisqu'il est en définitive ce qui supporte les représentations, bien qu'il ne soit pas lui-même représenté en tant que tel.;La stratégie d'écriture concernée, suivant laquelle on «croirait voir» ce qu'on lit, témoigne en effet d'une tendance à s'emparer de l'objet à ce point marquée et agissante qu'on ne saurait finalement l'appréhender sans tenir compte des enjeux inconscients liés à cette insistance dont l'énonciation devient la source. Précisément parce que le regard de la narration flaubertienne est aussi et avant tout le foyer d'une pulsion de voir qui mobilise le désir d'apprendre, de comprendre, de connaître dans le sens d'une véritable digression, en déplaçant ses visées du côté de l'irrationnel, des fantasmes infantiles où l'activité intellectuelle (et scopique) ne se distingue jamais nettement de l'action qu'elle prolonge. Car tout se passe, dans le texte, comme si l'on pouvait effectivement pénétrer le visible, l'intégrer, le manier, à l'instar d'une chair paradoxalement néantisante et matricielle, avec laquelle il s'agirait de faire corps, de se confondre, dans l'optique d'une fusion qui s'accorde aux tendances de la pulsion de mort. Le savoir auquel on aspire chez Flaubert n'est d'ailleurs pas réductible à ce que dit la science. Il concerne plutôt ce qu'évoque l'origine, dans ses rapports à l'Eros (le pouvoir du sexuel) dont l'inconcevable consistance ne cesse jamais de questionner le sujet. Par Autre regard, il s'agit donc d'entendre ce qui perce l'écran du lisible/visible, sous la pression d'une autorité sans visage, mais néanmoins déterminante: celle du pulsionnel.