La mise a l'epreuve des formes litteraires dans 'l'Absence' de Pierre Vadeboncoeur

Dans les annees 80, Pierre Vadeboncoeur adopte une pratique de l'essai qui revele l'accentuation de ses aspirations d'ordre litteraire. En rupture avec une pratique anterieure de l'ecriture bien ancree dans le reel et versant volontiers dans le discours polemique, les oeuvres appartenant au deuxieme mouvement se distinguent par l'election d'un registre plus intimiste qui va de pair avec le choix des themes de l'art et de l'amour dorenavant privilegies par l'ecrivain. L'Absence s'inscrit dans cette nouvelle tendance. Vadeboncoeur elabore ici une pratique de l'essai qui convoque sciemment les formes de la lettre et du roman, ce qui appelle une lecture intergenerique de l'oeuvre. Or, precisement, dans le contexte de l'Absence ou sont particulierement valorisees les formes de representation artistique de la lettre et du roman---l'ecriture epistolaire est concue ici telle l'expression litteraire par excellence---leur usage temoigne de l'intention d'ordre litteraire qui preside au projet d'ecriture. Des lors, se pose la question epineuse du rapport de l'essai a la litterarite. L'essai appartient-il a la litterature? Ou, au contraire, necessite-t-il l'apport d'autres formes dont le caractere litteraire apparait moins problematique pour se transmuer lui-meme en objet d'art? Tandis que les deux premiers chapitres de ce memoire sont consacres, dans l'ordre, aux mises a l'epreuve des formes epistolaire et romanesque ainsi qu'aux enjeux qu'elles determinent, le chapitre III s'interroge sur la portee essayistique de l'oeuvre, s'enquiert de la specificite de l'essai et est enfin le lieu d'une reflexion sur la litterarite de l'essai.