Forces et faiblesses des conducteurs ages face a des situations inattendues de nature virtuelle

Deux experiences ont ete realisees dans le but d'explorer les comportements au volant des conducteurs jeunes et ages en contexte de simulation en reaction a des situations peu familieres et complexes. Lors de la premiere experience, nous avons explore la charge cognitive et le comportement des conducteurs jeunes et ages selon la complexite de l'environnement. Des conducteurs jeunes (25-35) et ages (65 et plus) ont complete un parcours simule a cinq reprises compose de portions simples (p.ex. conduite en ligne droite), complexes (p.ex. virage a gauche) et d'un evenement surprenant. L'analyse de la complexite de l'environnement a d'abord ete effectuee a partir d'evaluations objectives (tache secondaire pendant la simulation) ainsi qu'a partir d'evaluations subjectives de la charge mentale (NASA-TLX). Nous avons observe qu'un evenement necessitant le deploiement rapide de multiples manoeuvres a pour effet d'accroitre la charge cognitive et le taux de collision chez les conducteurs ages. Les analyses montrent egalement que les conducteurs ages impliques dans une collision optent pour une strategie de conduite nettement plus lente et sequentielle. Dans une seconde etude, 62 jeunes conducteurs et 62 conducteurs ages ont ete soumis a six nouveaux evenements surprenants sur l'une de deux plateformes de simulation (originale ou portable). Les evenements surprenants variaient selon la complexite des reponses requises, l'espace d'evitement, ainsi que les indices contextuels d'evitement, tout en maintenant une pression temporelle elevee. Les resultats confirment que le risque de collision est plus eleve chez les conducteurs ages et qu'il appert essentiellement attribuable a une sequentialisation des reactions. Cette strategie compensatoire s'observe lorsque la situation est complexe et peu familiere, lorsque la pression temporelle est elevee, et lorsque l'evenement ne peut etre anticipe. Les resultats sont interpretes sur la base des interpretations classiques du vieillissement cognitif (declin des fonctions executives et ralentissement) et de deux modeles de la conduite automobile (Michon, 1985 et Sheridan, 2004).